Cinéma et accès à la citoyenneté
Texte de l’intervention de : Said Karmass
Représentant de L’Association Marocaine pour l'enseignement de la Langue Française et des littératures d'Expression Française,
"Comme la littérature, le cinéma empêche les hommes d’être différents des hommes. Comme la poésie, le cinéma doit être un cri, mais un cri habillé."
Outre le fait qu’il soit un moyen d’expression noble, le cinéma est avant tout un art qui « tente de donner conscience aux hommes de la grandeur qu’ils ignorent en eux, [il] est [aussi par cela] le monde de l’anti-destin, le règne de la liberté triomphante. Et l’œuvre d’art [devient alors] un nouvel héroïsme et une nouvelle grandeur qui ont également pour mission de lutter contre la mort et l’accablement humiliant de l’homme sur terre.[1] » Et c’est là, je pense, la mission auguste du septième art. D’où le fait que les cinéastes marocains n’ont pas seulement pour rôle de chercher à distraire les spectateur et/ou cinéphiles marocains, mais aussi d’espérer pour eux dans la foi simple qui est celle du charbonnier, qu’au bout de la nuit, il y a toujours une aube belle comme tout, à condition d’avoir le courage de penser et la volonté d’agir et de subir – quitte à en souffrir ; car suivre sa destinée suppose aussi la capacité de négocier, condition sine qua none du débat citoyen et démocratique. Citoyenneté et démocratie : deux mots, même origine La raison grecque est le fruit de toute une série de transformations sociales et mentales liées à l’avènement de la plis[2]. Ces transformations constituent un contexte favorable rendu possible grâce au développement de la Rhétorique, de la sophistique, de l’emploi d’un raisonnement de type géométrique ; auxquelles s’adjoindra l’apparition de certaines formes d’histoire et de médecine ; le tout couronné par une raison immanente d’un langage, mis au service de l’échange verbal, qui vise à agir sur les hommes, à les convaincre ou les