Clov, un personnage révélant le dysfonctionnement théatral
[INTRO] Le personnage de Clov se démarque des autres dans FP de Beckett, ne serait-ce que par son nom, qui ne possède pas la double consonne caractéristique de la famille. Mais sa démarche boitillante et laborieuse est à l’image de la pièce, qui semble se traîner et se défaire progressivement. I/ Un personnage qui joue mal son rôle
A/ Clov aux antipodes du valet traditionnel, confident de son maître. Ex : p. 83, Hamm évoque le passé avec nostalgie, mais Clov ne lui répond pas ; il se contente d’une réponse énervante (« il fait jour ?/Il ne fait pas nuit »)
B/ Il ne cherche pas à jouer bien: « (regard fixe, voix blanche) » Clov ne respecte même pas les registres : quand H raconte son histoire (tragique) il pouffe, quand Hamm lui propose de rire (80), il ne peut plus. Quand H lui demande de belles paroles d’adieu, il dévie vers le burlesque (105)
C/ Il ne cherche pas à comprendre son rôle : « ça doit être ça » (79) (qui le fait rire) et l’état du monde extérieur (duquel dépend l’intrigue) l’indiffère. « Qu’est-ce que ça peut foutre ? » 96. Absurde quand se trompe (soliloque 94)
II/ Un personnage qui sape le mécanisme dramatique
A/ Il dynamite l’action : Seul valide, marche, mais « démarche raide et vacillante » (13) : Clov antihéros : seul capable de bouger mais ne fait rien de constructif. Ex : pantomime. Dérèglement progressif puisque l’impotence le gagne lentement.
B/ Il détruit la seule intrigue possible. Clov, le seul valide, partira-t-il ? Cette question constitue le ressort dramatique de la pièce car le départ de Clov entraînerait la mort des 3 autres. Question angoissée de Hamm qui se demande comment il saura si Clov est parti ou mort.Or Clov ressasse (« je te quitte » une 10e de fois) et il ne réalise rien. Utilisation de l’espace scénique : mécanique (16 entrées et sorties), alors que l’espace est lié à l’action.