Colloque
La Chronique des Amériques, Octobre 2004, No 33.
Dix ans après la signature de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), la population canadienne est en droit de se questionner sur les bénéfices de cette entente commerciale.
Selon le bilan économique dressé par le gouvernement canadien, la valeur totale des échanges entre les trois pays a plus que doublé de 1993 à 2002, passant de 306 milliards de dollars à 621 milliards de dollars . La baisse du prix des intrants dans la région a aussi entraîné des gains de productivité et fourni aux consommateurs des trois pays membres un choix plus vaste de produits à des prix concurrentiels. Les accords parallèles de l’ALENA ont également permis de renforcer la protection de l’environnement et le respect des normes du travail, d’après le ministère du Commerce international. Persuadé du succès de cette initiative, le gouvernement canadien a déjà conclu plusieurs autres accords de libre-échange (avec le Chili, le Costa Rica et Israël, entre autres), et il est en train de négocier des accords similaires avec le reste de l’Amérique centrale, le Marché commun des Caraïbes et la Communauté andine, notamment.
De leur côté, les quelque 400 chercheurs et représentants d’organismes de la société civile réunis lors du colloque trinational « Les dix ans de l’ALENA : bilan social et perspectives » estiment que ce bilan est partial. Ce colloque, organisé par le Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC), s’est tenu à l’Université du Québec à Montréal les 18 et 19 septembre 2004. D’après les participants au colloque, l’ALENA n’a pas tenu ses promesses. L’ALENA n’a pas favorisé le développement social et économique, particulièrement au Mexique, où la majorité de la population a connu une baisse de son niveau de vie depuis 1994. Dans les trois pays, les inégalités sociales se sont creusées, le degré de syndicalisation dans les secteurs clés de