Un ancien grognard qu’on croyait mort à la bataille d’Eylau, ressurgit à Paris et se présente à l’étude de Maître Derville pour faire valoir ses droits. La bataille séduit le jeune avoué et c’est du côté de la femme de Chabert qu’il se tourne. Les deux époux finissent par se rencontrer, révélant au colonel la nature arriviste et intéressée de cette de femme qu’il a « enlevée » du Palais-Royal, c'est-à-dire d’un lieu de prostitution. Balzac peint, à travers ce retour inopiné du vieux soldat napoléonien, le tableau que la restauration pouvait offrir aux anciens bonapartistes. C’est le retour, sous Louis XVIII, des intrigues de cour, des petites ambitions personnelles. «Madame Ferraud n’aimait pas seulement son amant dans le jeune homme, elle avait été séduite aussi par l’idée d’entrer dans cette société dédaigneuse qui, malgré son abaissement, dominait la cour impériale. Toutes ses vanités étaient flattées autant que ses passions dans ce mariage. Elle allait devenir une femme comme il faut. (70) Ainsi, promptement remariée à un Comte, l’ex-madame Chabert, devenue « comtesse Ferraud » est aussi à la merci d’un abandon de son mari visant la pairie à travers la fille d’un sénateur. Chabert, au contraire, incarne une ascension due à la valeur militaire, soldats que Napoléon a honorés : Si j’avais eu des parents, tout cela ne serait peut-être pas arrivé ; mais, il faut l’avouer, je suis un enfant de l’hôpital, un soldat qui pour patrimoine avait son courage, pour famille tout le monde, pour patrie la France, pour tout protecteur le bon Dieu. Je me trompe ! j’avais un père, l’Empereur ! Ah ! s’il était debout le cher homme ! et qu’il vît son Chabert, comme il me nommait, dans l’état où je suis, mais il se mettrait en colère. Que voulez-vous ! notre soleil s’est couché, nous avons tous froid maintenant. (50) De même le personnage du colonel possède cette capacité de pouvoir se contenter d’une vie monacale et austère