comique
Zaghouan
Devoir de contrôle n° 2
Professeur : CHERIF
Année scolaire : 2008/2009
2ème année éco. & serv. 3
Durée : 2 heures
LE VAGABOND
Depuis quarante jours, il marchait, cherchant partout du travail. Il avait quitté son pays, Ville-Avaray, dans la Manche, parce que l’ouvrage* manquait. Compagnon charpentier*, âgé de vingt-sept ans, bon sujet, vaillant, il était resté pendant deux mois à la charge de sa famille […] Alors, il s’était informé à la mairie; et le secrétaire avait répondu qu’on trouvait à s’occuper dans le Centre.
Et il avait marché sans repos, pendant les jours et les nuits, par les interminables routes, sous le soleil et sous les pluies, sans arriver jamais à ce pays mystérieux où les ouvriers trouvent de l’ouvrage.
Il fut tour à tour terrassier, valet d’écurie, scieur de pierres; il cassa du bois, ébrancha des arbres, creusa un puits, mêla du mortier, lia des fagots, garda des chèvres sur une montagne, tout cela moyennant quelques sous, car il n’obtenait, de temps en temps, deux ou trois jours de travail qu’en se proposant à vil prix, pour tenter l’avarice des patrons et des paysans […]
Et maintenant, depuis une semaine, il ne trouvait plus rien, il n’avait plus rien et il mangeait un peu de pain, grâce à la charité des femmes qu’il implorait sur le seuil des portes, en passant le long des routes.
Randel avait faim, une faim de bête, une de ces faims qui jettent les loups sur les hommes. Exténué*, il allongeait les jambes pour faire moins de pas et, la tête pesante*, le sang bourdonnant aux tempes, les yeux rouges, la bouche sèche, il serrait son bâton dans sa main avec l’envie vague de frapper à tour de bras sur le premier passant qu’il rencontrerait rentrant chez lui manger la soupe […]
Depuis deux jours, il parlait haut en allongeant le pas sous l’obsession de ses idées. Il n’avait guère pensé, jusque-là, appliquant tout son esprit, toutes ses simples facultés, à sa besogne professionnelle.