Comme hecate tu me fera errer
1ère philologie
LITTERATURE FRANCAISE : ANALYSE
Introduction à la poésie scèvienne du Délie et analyse des comparaisons du vingt-deuxième dizain Comme Hécate, tu me feras errer
Maurice Scève (1501-10 ? – 1564), le plus brillant et le plus doué des poètes de
l’Ecole lyonnaise et qui prétendit avoir trouvé le tombeau de Laure de Novès , muse de
Pétrarque, publia en 1544 « Délie, Objet de la plus haute vertu », consacré à son amour pour
la jeune Pernette (devenue Guillet), bourgeoise et poétesse.
Quatre cent quarante neuf poèmes lui sont dédiés, qui expriment tantôt les joies, les espérances puis les regrets, l’amertume, la jalousie et les douleurs du poète. Pourtant, si ce recueil, qui a paru sans nom d’auteur, tient lieu de déclaration amoureuse, il n’en est pas moins une œuvre poétique, un travail de poète, un exploit sur le plan de l’écriture. L’Amour est un prétexte à la création littéraire, l’auteur transforme les affres de l’amour en un recueil qui fait office de tombeau pour les deux amoureux, même après la mort. Cette œuvre importante et riche comporte une analyse pénétrante des souffrances et des contradictions de l’amour, qui dépasse largement les jeux subtils du pétrarquisme. Le tourment amoureux aboutit parfois au désespoir métaphysique, à une explication de l’angoisse humaine que Ronsard ne dépassera pas, mais l’amour peut aussi devenir moyen d’accès à l’absolu, ce dont la musique du vers nous donne l’intuition sensible. Sa devise « souffrir non souffrir » apparaît au début et à la fin du recueil qui comporte aussi cinquante emblèmes qui répartissent les dizains par séries de neuf (en réservant les cinq premiers et les trois derniers). Scève a détourné l’emblème de son usage le plus commun (gravure accompagnée d’une devise et d’un commentaire envers ou en prose qui dégage le sens de l’image proposée. Très en vogue à la Renaissance, les emblèmes sont rassemblés en recueils d’inspiration moralisante