Comment doit-on définir la monnaie ?

Par Marie-Brigitte NKOO MABANTULA
Professeure à la faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université de Kinshasa

La conceptualisation des phénomènes sociaux s’avère être un processus cognitif indispensable à l’étude de leurs causes et de leurs implications, ainsi qu’un facteur préalable à toute stratégie d’intervention. C’est donc le sens donné aux mots qui permet de mieux appréhender les phénomènes à l’intérieur du système économique et social dans lesquels ils se réalisent et qui légitime la pertinence des instruments d’analyse et de mesure.

Or, le glissement de sens des mots est courant en sciences sociales et l’un des épineux problèmes qui s’y pose concerne la difficulté de communication inhérente à la redéfinition de certains concepts dont l’acception est encore fort répandue mais jugée inappropriée. C’est le cas du concept de monnaie.

Cet article se propose d’apporter de la lumière sur la définition de la monnaie en se distinguant sur deux points principaux : premièrement, il montrera que, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la problématique de définition de la monnaie ou l’argent, cet objet omniprésent dans le monde entier, continue de soulever des polémiques chez bon nombre d’analystes qui s’intéressent au sujet ; deuxièmement, il tentera de prendre une distance par rapport à la vision « classique » dominante de la discipline économique, mais plutôt en se rapprochant le plus possible des « réalités » sociales de cet objet, tels qu’il est vécu, conçu et pensé par les différents agents économiques.

A travers un travail progressif de décortication, cet article revisitera les définitions avancées par la théorie classique dominante quant à l’objet monétaire, les déconstruira, les reconstruira et les replacera dans leurs contextes spécifiques afin de préciser le sens et le contenu de cet objet.

En effet, s’il existe un élément qui caractérise actuellement tous les États modernes,