Comment expliquer l'instabilité de la croissance
La croissance économique d'un pays ne suit pas, d'année en année, un rythme régulier. Elle connaît des périodes d'accélération et de ralentissement, voire de recul. Ces fluctuations économiques se constatent sur le long terme, et les économistes divergent sur les explications de cette instabilité de la croissance. Les politiques destinées à faire face à ces irrégularités présentent des instruments variés, qui comportent cependant des limites.
1. Le constat de l'irrégularité de la croissance économique
• L'observation statistique a, depuis longtemps, mis en évidence l'instabilité de la croissance : à la fin du xixe et au début du xxe siècle, des économistes comme le Français C. Juglar ou le Russe N. Kondratiev ont mis en évidence des ondulations des variables économiques, et notamment du rythme de la production. On parle ainsi du cycle Juglar (d'une durée de huit à dix ans) ou du cycle Kondratiev (d'une durée de cinquante ans environ). Dans tous les cas, il s'agit de l'alternance de phases de forte croissance et de ralentissement économique, pouvant parfois déboucher sur une diminution de la production (dépression).
• Sur la période de l'après-guerre, la France a ainsi connu une longue phase de croissance forte (les Trente Glorieuses entre 1945 et 1975) pendant laquelle le taux de croissance annuel moyen du PIB a été de l'ordre de 5 %. À cette phase a succédé une période de récession, marquée par un net ralentissement de la progression du PIB, analysé comme le retour d'une crise économique, situation que le monde avait déjà connue en 1929. La différence avec la Grande Dépression est que, depuis 1975, les années de baisse de production ont été peu nombreuses, la production sur longue période continuant à progresser, bien qu'à un rythme modeste. En 2009, cependant, dans le sillage de la crise financière ouverte en 2008, les pays développés ont connu des baisses sévères de leur PIB (− 2,7 % pour la France et −