Commentaire albatros
A- Le jeu des antithèses
-----Le jeu des antithèses
Le poème de Baudelaire donne de l'albatros deux visions radicalement opposées : autant l'oiseau en vol est un oiseau majestueux à l'allure souveraine désigné par la périphrase du vers 16 : " les rois de l'azur ", autant lorsqu'il se pose il paraît ridicule : - les " ailes " du vers 7 qualifiés des deux épithètes " grandes " et " blanches " ? " les avirons (vers 8) ; - la beauté du vers 10 ? la laideur du vers 10 ; - du vol royal (vers 3), on passe au boitement de l'infirme (vers 12). Ces oppositions sont soulignées par des antithèses : - " roi " (vers 6) ? " maladroit " et " honteux " (vers 6) ; - le " voyageur ailé " (vers 9) ? "gauche " et " veule " (vers 9) ; - " naguère si beau " (vers 10) ? " comique " et " laid " (vers 10) de plus, ici, la rime intérieure croisée associe encore à l'idée de l'albatros celle d'un animal ayant perdu son rang et son titre de " roi " ; - " infirme " ? " volait " (vers 12).
B- Le jeu sur les sonorités
---- Les sonorités
Le jeu sur les sonorités renforce le contraste. La majesté de l'oiseau en vol est rendue par l'assonance en " en " (vers 1, 2, 4, 13, 14, 16) et l'allitération en "v" (vers1, 2, 3, 4). La déchéance de l'albatros se traduit sur le plan phonétique par une sorte de dégradation et l'assonance en "en" est désormais associée à des mots dont le sens ou les connotations sont négatives ou péjoratives. Le destin funeste de l'oiseau est prédit par l'allitération en "s" du vers 4 : "gouffres amers". La troisième strophe accumule des sonorités qui produisent un effet désagréable avec l'assonance en "e", assonance déjà présente dans la strophe précédente avec "eu" de "honteux" au vers 6, "piteusement" au vers 7, "à coté d'eux" au vers 8 et l'allitération en "c" et en "gu" comme "gauche" au vers 9 et la cacophonie " comique et laid " du vers 10. Ainsi, le jeu des sonorités accentue la différence de l'animal au fur et à mesure