Ce texte est l’extrait d’un célèbre décret de droit canonique, le décret Tametsi, qui a été rédigé en 1563 par le concile de Trente. Le concile de Trente est le dix-neuvième concile oecuménique (assemblée de tous les évêques appartenant à une même communion ecclésiale) reconnu par l'Eglise catholique romaine. S’il était destiné à l'origine à restaurer l'unité de l'Église, ce concile fut en réalité une réponse du catholicisme à la Réforme protestante, à travers la révision de sa discipline et la réaffirmation solennelle de certains dogmes. Convoqué par le pape Paul III en 1542 en réponse aux demandes formulées par Martin Luther dans le cadre de la réforme protestante, il débute en 1545. Étalées sur dix-huit ans, ses vingt-cinq sessions couvrent cinq pontificats (Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV) et se tiennent dans trois villes. De 1545 à 1563, le Concile de Trente sera donc le Concile de la Contre-Réforme, afin de rétablir les désordres dans l’Eglise dénoncés par les Réformateurs. A cette époque, le Pape Alexandre 3 a tranché le débat entre Gratien et Pierre Lombarden en affirmant que le seul consentement suffit à la perfection du mariage (mais que seule la consommation rend le mariage indissoluble). On abandonne ainsi les principes du droit germanique, et les mariages clandestins et la bigamie se multiplient. L’objectif de ce décret est donc la réaffirmation du principe du consensualisme (contrat consensuel) qui fait que les mariages clandestins et/ou sans consentement des parents sont valides (ce qui est contraire au droit germanique et à l'Ordonnance de Blois de 1579 qui exigent consentement des parents). Mais alors, quels sont ces mariages clandestins et leurs dérivés? Quelles sont les mesures proposées pour les éradiquer? Nous étudierons dans un premier temps quel est ce phénomène grandissant de l’époque qui consiste en la multiplication de mariages clandestins (I), puis nous verrons quels moyens sont imposés par le décret Tametsi afin