commentaire du sonnet VIII
Lors de la Renaissance française au 16e siècle, l’amour devient le thème privilégié de la littérature et s’exprime surtout dans le renouveau poétique. Louise Labé construit sa renommée littéraire autour du cercle poétique lyonnais, sous l’influence du pétrarquisme et du néoplatonisme qu’elle assimile et personnalise. Elle fait publier en 1555 son recueil d’œuvres qui comprend notamment Le débat d’Amour et de Folie, ouvrage en prose qui expose un dialogue argumenté et Les Sonnets et Elégies, où la poétesse laisse cours à l’expression de ses sentiments, d’où est extrait « Je vis, je meurs … », huitième sonnet d’une série de 24 poèmes. On verra comment Louise Labé rend compte dans son sonnet de la dualité du sentiment amoureux et de son caractère instable. C’est d’abord par un désordre durable et mystérieux des sens que se manifeste la passion amoureuse, vécue enfin comme « la folie d’amour » à valeur universelle. I/ Manifestations physiques d’un état de désordre
A. Construction énigmatique du sens : des sensations aux sentiments Accumulation de sensations : le froid / le chaud, le dur / le mou, le sec / le mouillé, que l’on décèle dans : « J’ai chaud extrême en endurant froidure. La vie m’est et trop molle et trop dure ; Je me noie, je sèche ». Le sens du toucher qui est exclusivement exprimé correspond à une conception charnelle de l’amour qui s’éloigne du stéréotype platonicien de l’amour chaste et de nature intellectuelle. Il s’agit là, au contraire, d’une expression très sensuelle (voire érotique) et physique de la passion jusque dans ses désordres et ses malaises. On ne connaît d’ailleurs la cause de ces diverses sensations qu’au vers 9, début des tercets, qui forment ainsi une unité de sens différente des quatrains : c’est « l’Amour » précédé de « Ainsi », connecteur logique qui l’introduit. L’amour est bien la source de ces manifestations physiques intenses. Évocation de son aspect funeste : « je meurs »