Commentaire du texte d'alain, manuscrits inédits
« Dans le sommeil, je suis tout ; mais je n'en sais rien. La conscience suppose réflexion, division. La conscience n'est pas immédiate. Je pense, et puis je pense que je pense, par quoi je distingue Sujet et Objet, Moi et le monde. Moi et ma sensation. Moi et mon sentiment. Moi et mon idée. C'est bien le pouvoir de douter qui est la vie du moi. Par ce mouvement, tous les instants tombent au passé. Si l'on se retrouvait tout entier, c'est alors qu'on ne se reconnaîtrait pas. Le passé est insuffisant, dépassé. Je ne suis plus cet enfant, cet ignorant, ce naïf. Ce moment-là même j'étais autre chose en espérance, en avenir. La conscience de soi est la conscience d'un devenir et d'une formation de soi irréversible, irréparable. Ce que je voulais, je le suis devenu. Voilà le lien entre le passé et le présent, pour le mal comme pour le bien. Ainsi le moi est un refus d'être moi, qui en même temps conserve les moments dépassés. Se souvenir, c'est sauver ses souvenirs, c'est se témoigner qu'on les a dépassés. C'est les juger. Le passé, ce sont des expériences que je ne ferai plus. Un artiste reconnaît dans ses œuvres qu'il ne s'était pas encore trouvé lui-même, qu'il ne s'était pas encore délivré ; mais il y retrouve un pressentiment de ce qui a suivi. C'est cet élan qui ordonne les souvenirs selon le temps. »
ALAIN, Manuscrits inédits, 1928 in Philosophie, Textes choisis pour les classes P.U.F. éd., tome II, p. 137-138.
Alain, de son vrai nom Émile-Auguste Chartier. Il met au point un genre littéraire qui le caractérise les « Propos ». Le but de sa philosophie est d'apprendre à réfléchir et à penser rationnellement en évitant les préjugés. Il écrit en 1928 les « Manuscrits interdits ». Dans ce passage étudié l’auteur nous fait partagé une de ces réflexions qui pourrait ce traduire par « La conscience est-elle médiate ou immédiate ? ». Alain répond que la conscience n’est pas immédiate. Il cherche la signification du MOI et en définissant