Commentaire fin de partie de samuel beckett
Après le succès inattendu de En attendant Godot, Beckett prend sa carrière théâtrale au sérieux, à tel point qu’il lui faudra deux ans pour mener à bien sa seconde pièce en français : Fin de partie. Cette œuvre assoit définitivement sa réputation de dramaturge et consacre son statut d’auteur austère et exigeant. C’est oublier un peu vite, peut-être, l’intérêt de Beckett pour l’univers des clowns : le dramaturge n’a ainsi jamais caché son admiration pour l’acteur burlesque Buster Keaton, "l’homme qui ne rit jamais", qu’il fit d’ailleurs figurer au générique d’un film expérimental de 17 minutes intitulé... Film !.
On voudrait montrer ici qu’en dépit d’un climat a priori austère et sombre, cette exposition possède malgré tout une vraie force comique, sensible à la fois dans le rythme de la scène et dans son contenu.
Un climat digne d’une tragédie
Ce qui frappe d’emblée, c’est à la fois le caractère dépouillé du passage et sa tonalité extrêmement sombre.
Un texte dépouillé
Dépouillement du texte et sobriété du décor s’unissent ici pour créer une véritable atmosphère de tragédie.
Sobriété du décor
D’emblée, l’auteur multiplie les connotations péjoratives : l’éclairage est "grisâtre", les fenêtres sont "petites", "haut perchées" et occultées par des "rideaux fermés".
Les accessoires sont peu nombreux : dans un décor nu figurent "un tableau retourné", "deux poubelles", "un fauteuil à roulettes", sans compter l’escabeau que Clov se met en devoir de transporter d’une fenêtre à l’autre. Si insolites soient-ils, ces accessoires doivent, dans l’esprit du spectateur, avoir une utilité dramatique [1] : notre curiosité, du coup, s’en trouve aiguisée...
Sobriété de l’expression
Le laconisme des didascalies est chose normale au théâtre. Néanmoins, il se met ici au diapason de l’économie de moyens générale. On relèvera plusieurs caractéristiques : l’utilisation du présent tout d’abord, puisque l’action s’inscrit dans la durée de la