Commentaire incipit la peste
Daniel Defoe disait : « Il est aussi raisonnable de représenter une espèce d’emprisonnement par une autre, que de représenter n’importe quelle chose qui existe réellement par quelque chose qui n’existe pas ». C'est sous le patronage de cette citation qu'Albert Camus a décidé d'écrire La Peste. Né en 1913 en Algérie Française, Camus est l'un des plus grands auteurs français du XXème siècle. Romancier, dramaturge, journaliste, il est un véritable auteur engagé. En 1957, il reçoit le Prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre, mais surtout La Peste, étant l'un de ses romans ayant connu le plus de succès. Ecrit en 1947, l'histoire se passe à Oran dans les années 1940, racontant l'histoire de ses habitants frappés par une épidémie de peste et coupés du monde extérieur. L'extrait que nous nous proposons d'étudier est l'incipit de l'œuvre. Ici, la citation de Defoe nous éclaire sur l'intention symbolique de la portée de l'œuvre.
En quoi la description inaugurale de la ville d'Oran est-elle chargée d’une valeur symbolique ?
Nous répondrons à cette problématique en trois mouvements. Nous verrons d'abord qu'Oran est dépeinte comme une ville anodine, puis nous nous intéresserons au statut du narrateur qui apparaît mystérieux et critique, et enfin nous étudierons l'aspect symbolique de cette description.
Oran est ici décrite comme une ville anodine, banale. Dès le début du texte, Oran est caractérisée de ville "ordinaire" (l.3). En effet, tout ce qui s'y passe est décrit comme quelque chose pouvant se produire n'importe où : "A Oran comme ailleurs" (l.38). Ce caractère ordinaire est renforcé par la volonté du narrateur de montrer ce qu'Oran n'est pas, par la présence de nombreuses restrictions : "rien de plus qu'une préfecture française de la côte algérienne" (l.3-4), ou encore d'autres adverbes restrictifs tels que : "que" (l.8) ou "seulement" (l.10). Nous pouvons également relever l’accumulation de