Ecrivain d’origine roumaine né en 1909, Eugène Ionesco est l’un des fondateurs du théâtre de l’absurde. Dans son ouvrage « Notes et contre-notes », il écrit « Vouloir être de son temps, c’est déjà être dépassé. ». Cela explique sans doute pourquoi il a toujours cherché, par ce genre qualifié d’avant-gardiste, à bouleverser toutes les bases établies par le théâtre classique. // En effet, le nouveau théâtre est apparu après la seconde guerre mondiale et il ne comporte désormais plus de réelle intrigue, les actions sont absentes, les situations et les personnages sont irréalistes et surtout, le langage n’est plus utilisé comme un moyen de communication, il est vide de sens. Beckett comme Ionesco est très connu pour avoir poussé à l’extrême l’absurde en faisant passer des messages philosophiques dans des textes illogiques. Parmi les exemples les plus fameux, on peut bien sûr citer le monologue irrationnel de Lucky dans « En attendant Godot » qui s’interroge sur Dieu et la condition humaine ou encore « La Cantatrice Chauve », première pièce de l’auteur roumain. // Mais c’est à une autre œuvre phare d’Eugène Ionesco que nous allons nous intéresser. La Leçon, écrite en 1951 met en scène une jeune fille qui, souhaitant obtenir un « doctorat total », se rend chez un professeur particulier. Cependant cette leçon va se transformer en torture morale et physique pour l’élève. Nous allons donc nous demander comment Ionesco, dans la Leçon, établit-il une critique de la société à travers le théâtre de l’absurde. Dans un premier temps, nous allons étudier le ridicule qu’exerce le Professeur, puis dans un deuxième temps nous verrons ce qui rend cette scène inquiétante. Enfin nous nous préoccuperons du regard pessimiste du monde énoncé dans cet extrait. C’est dans une contradiction totale qu’enseigne le Professeur, voilà pourquoi il est un personnage à la fois ridicule et caricatural. Alors qu’il tente d’initier à son élève la linguistique et que le langage sert avant