Commentaire sur un corps mangé de vers
Introduction
Jean Baptiste Chassignet est né à Besançon en 1571 et meurt en 1630. Sa première œuvre connue a été écrite à vingt ans. Il s’agit d’un recueil de paraphrases de textes bibliques, Job ou de la fermeté (un peu plus de six mille sept cent vers constitués par les six livres de Job, une version des Cantiques de l’Eglise, Le Cantique des cantiques, le psaume 137). Cette œuvre n’a jamais été publiée en entier. En 1594 est imprimé le Mépris de la vie et consolation contre la Mort important volume dont est tiré notre sonnet et constitué par des séries de sonnets numérotés, séparés par des poèmes de formes diverses (odes, poèmes en alexandrins à rimes plates), le plus original de ses ouvrages poétiques. En 1600, il publie des traductions des prophètes Osée , Joel, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Zacharie, douze au total.
L’inspiration de Jean Baptiste Chassignet est donc essentiellement religieuse et morale. C’est un poète véritablement nourri par les textes bibliques, très influencé aussi par le courant stoïcien et par Montaigne . Sa marque propre serait le pessimisme, une foi sombre et passionnée. Cette foi et cette passion ne sont pas simples ; elles ne vont pas sans les déchirures d ‘un drame personnel ; il doit rompre avec les appels du monde, de l’amour et de la sensualité, les exigences de la chair. Chassignet est également marqué par le drame collectif des tourments issus des guerres civiles : « je choisis un sujet conforme aux malheurs de notre siècle »(…) « et tandis que l’honneur de tant de carnage et barbaries fidellement rapportées à nos oreilles me frappoit l’imagination, je conclus en moi-même de marcher en la piste de la mort et te monstrer, ami lecteur, l’infirmité et misère de notre condition. » (Préface au lecteur du Mépris de la vie). Mais la méditation de la mort est aussi naturelle à son tempérament. Reprenant mot pour mot un texte de Montaigne, il déclare : « A ceux