Commentaire spleen jules laforgue
1) L’échec de toutes les tentatives pour échapper au spleen Le Spleen, tel que l’évoque Laforgue, suggère une impression de continuité: le poème s’ouvre et se ferme sur un même verbe, « s’ennuyer », ce qui crée le sentiment d’un enfermement à l’intérieur d’un état dont on ne parvient pas à s’échapper. Cependant, cette impression de cercle est trompeuse, car on constate très vite qu’entre le début et la fin du poème, cet ennui est devenu de plus en plus profond et inéluctable. Le poème envisage en effet successivement tous les échecs du poète, dès lors qu’il tente d’échapper au spleen. Celui-ci ne reste pas passif face à l’ennui, bien au contraire, il chercher à le dépasser, ainsi que le marquent les exhortations qu’il s’adresse à lui-même, à l’impératif première personne du pluriel, comme « Sortons » ou « Couchons-nous …afficher plus de contenu…
L’ouverture vers l’extérieur, manifestée par l’écartement du « rideau », et la sortie dans l’espoir de « nouveau » s’achève piteusement: l’expression « à pas lourds », qui clôt le deuxième tercet, suggère un accablement que les points de suspension ne font qu’accentuer. L’utilisation d’un vers de 14 syllabes accentue cette impression de lourdeur. Les activités du poète deviennent également de plus en plus dérisoires, se réduisant à des gestes quotidiens, sans intérêt, comme « manger » ou « bailler ». La tentative d’évasion intellectuelle marquée par le verbe « lire » 2 n’échappe pas à cette banalisation, sa place même dans le vers, entre manger et bailler, la dévalorisant complètement. A terme, la seule échappatoire qu’il reste au poète, c’est bien la fuite dans le sommeil, sommeil qui là encore, se refuse, assurant ainsi le triomphe de