Pour forger le fer on a besoin d'un marteau, et pour avoir un marteau, il est nécessaire de le faire. Pour cela on a besoin d'un autre marteau et d'autres instruments ; et pour avoir ceux-ci on a besoin de nouveaux instruments, et ainsi à l'infini. Or c'est bien en vain qu'on s'efforcerait de prouver de cette façon que les hommes n'ont aucun pouvoir de forger le fer. Mais de même que le hommes, au début, à l'aide d'instruments naturels, et bien qu'avec peine et d'une manière imparfaite, ont pu faire certaines chose très faciles, et après avoir fait celles-ci, en ont fait d'autres, plus difficiles, avec moins de peine et plus de perfection, et ainsi, s'éle-vant par degrés des travaux les plus simples aux instruments, et des instruments revenant à d'autres œuvres et instruments, en arri-vèrent à pouvoir accomplir beaucoup de choses, et de très diffici-les, avec peu de labeur ; de même l'entendement par sa puissance innée se forme des instruments intellectuels, à l'aide desquels il acquiert d'autres forces pour d'autres œuvres intellectuelles et grâce à ces œuvres (il se forme) d'autres instruments, c'est-à-dire le pouvoir de pousser l'investigation plus avant : ainsi il avance de degré en degré jusqu'à ce qu'il ait atteint le comble de la sagesse. Spinoza
La démarche mise en œuvre dans la familiarisation avec une philosophie riche en contenu n’est bien aucune autre que "l’apprentissage". La philosophie doit nécessairement être "enseignée et apprise", aussi bien que toute autre science. Le malheureux prurit qui incite à éduquer en vue de l’acte de "penser par soi-même" et de "produire en propre", a rejeté dans l’ombre cette vérité ; – comme si, quand j’apprends ce que c’est que la substance, la cause, ou quoi que ce soit, – "je" ne pensais pas "moi-même", comme si "je" ne produisais pas "moi-même" ces déterminations dans ma pensée, et si elles étaient jetées en celle-ci comme des "pierres" ! - comme si, encore, lorsque je discerne leur vérité, je n’acquérais