Magdelon et Cathos, deux jeunes provinciales récemment installées à Paris, nourrissent l'ambition de créer un salon précieux. Elles ont repoussé deux honnêtes hommes, La Grange et Du Croisy, qui leur proposaient le mariage trop vite et trop crûment à leur goût. Pour leur donner une leçon, ceux-ci leur envoient leur valet Mascarille, adepte de la Préciosité, dans la tenue d'un homme du monde. Le comique réside à la fois dans le langage extravagant de la conversation et dans la situation : un valet passe pour un homme brillant auprès de deux apprenties précieuses.

La satire du langage précieux
L'univers précieux
Molière utilise d'abord les mots traditionnels du langage précieux, qui rendent la caricature vraisemblable. Dans cette représentation verbale du monde, les femmes occupent une place centrale. La courtoisie est représentée par les termes "galant" et "galanterie". Portés sur les raffinements de la pensée ("bon goût", "bel esprit", "beaux esprits"), les précieux se réunissent pour des jeux d'esprit, grâce auxquels ils s'estiment ("ma chère", "merveilleux"). C'est notamment par la recherche du langage que s'affirme cet esprit.

Les figures de style
La recherche abusive, empreinte de mauvais goût, de figures appréciées dans la poésie et les romans précieux (Clélie, Le Grand Cyrus), entraîne le comique. Par l'antiphrase "Votre réputation vous attire cette méchante affaire", Mascarille cherche à flatter ses hôtesses en s'autodévaluant. Mais comme Mascarille n'est qu'un valet déguisé, la phrase peut être comprise au premier degré. Les précieux ont aussi recours à la périphrase, pour évoquer ce qui relève d'une réalité jugée trop brutale. Ainsi les fauteuils sont appelés "commodités de la conversation", expression ridicule d'affectation ; la révélation de l'objet désigné provoque ensuite une surprise cocasse. Les "insultes de la boue et du mauvais temps" indiquent la saleté. On relève aussi des hyperboles ("courir après le mérite"), des métaphores ("ce