Comportement adolescents
RHIZOME n.m. (gr. rhiza, racine). Tige souterraine vivante, souvent horizontale, émettant chaque année des racines et des tiges aériennes.
Bulletin national santé mentale et précarité
Pourquoi les adolescents inquiètent-ils les adultes ?
Pour Maud Mannoni*, une éducation était réussie lorsqu’un adolescent pouvait dire à ses éducateurs : « vous vous êtes trompés, votre univers, on n'en veut plus ». La société de consommation découvrait alors en son sein une autre culture, la promesse d'un monde à refaire. « Le grand duduche » a représenté pour la génération des années 70 l'ado décalé, travaillé par ses hormones, opposé aux lois d'un monde adulte qui, comme le chantait Dutronc, devenait « piquant comme un cactus ». C’était à la fois le temps du rêve, de la crise adolescente, de l'adolescent chrysalide, mais aussi de l'adolescence comme contre-culture. Aujourd'hui, comme le dit Houellebecq, l'homme moderne serait devenu un adolescent diminué. Il est vrai que c'est bien dans l’air du temps de faire porter à l'adolescence tous les traits ordinairement attachés au peu fréquentable « individu post moderne », marqué du double sceau de l’individualisme et du consumérisme ; ce renversement de regard n'est pas sans conséquence performative : faire de l'adolescence le paradigme de l'individu contemporain est indissociable d'un traitement ambivalent des adolescents. Leurs écarts de conduite sont en effet facilement codés comme des comportements inquiétants, potentiellement pathologiques, déviants, voire dangereux a priori pour les « adultescents » de tous bords. Ce numéro de Rhizome voudrait montrer une réalité plus complexe. La plupart des adolescents vont plutôt bien, il faut tout de même le dire ; leur principal « travail » consiste alors à « s'assumer », à s’installer, à trouver leur place dans le monde en le refaçonnant à leur manière. L’adolescent serait plus un sculpteur qui modèle son cerveau et sa vie par élagages successifs qu'un peintre qui pose sa