Conclusion texte epictète
Il semble, premièrement, que l'on soit mis en présence de l'une des premières présentations raisonnées et systématiques et donc éclairantes de ce que l'on pourrait appeler "l'entrée en philosophie". Certes les notions utilisées, celles d'opinion, de raison et de vérité, à l'époque d'Epictète ne sont pas nouvelles. Socrate, Platon, et Aristote les ont marquées de leur empreinte magistrale. Mais les oeuvres de Platon ne traitaient qu'incidemment du " point de départ de la philosophie" Elles nous en faisaient prendre conscience indirectement à travers des dialogues tels que l'Hippias Majeur, où la pratique philosophique de Socrate était opposée à celle, rhétorique, des Sophistes, ou le livre VII de la République, où était esquissé le portrait du philosophe appelé à gouverner. Certes, Aristote, au IVe siècle av. J.-C. avait déjà très clairement esquissé une définition de la philosophie, notamment dans la Métaphysique. Reste qu'Epictète semble renouveler la compréhension de l'activité philosophique non seulement en donnant à comprendre sa motivation première et sa fonction éminente, mais aussi et surtout en balisant fermement le chemin, rationnel, qui lui permet de sauver la pensée du naufrage des opinions.
L'intérêt philosophique principal du texte d'Epictète réside ainsi manifestement dans l'élaboration d'un nouveau concept, typiquement stoïcien, celui de norme. Cette notion offre à la pensée un concept nouveau. Les philosophes s'étaient évertués jusque là à critiquer et à rejeter l'opinion (rien d'innovant donc de ce point de vue) en prônant d'abord le dialogue puis l'élaboration d'un discours rationnel solidement argumenté, représentés respectivement par la dialectique platonicienne et la logique aristotélicienne. A l'exception de la théorie platonicienne de Idées (qui mettait toute chose pensable en relation avec l'Idée que les âmes éclairées pouvaient former de