Conscience morale et société
« J’erre dans cette ville, dans cette meute…parmi tous ces visages, toutes ces voix qui m’assaillent, qui me dictent le Bien et le Mal… oh, je voudrais plutôt être aveugle… » Honoré de Balzac confie ainsi la détresse de ses derniers jours, dans une lettre adressée à un ami. Gagné par le délire, il désigne clairement son rapport avec la société comme « dictateur » du Bien et du Mal et plus généralement des Valeurs. Balzac rejoint ici le constat opéré par Durkheim : « quand notre conscience morale parle, c’est la société qui parle en nous ». Selon lui la conscience morale de chaque individu est l'intériorisation des contraintes institutionnelles par l'individu.
La morale désigne l’ensemble des attitudes humaines en rapport avec les mœurs en vigueur dans une société. La conscience morale est ce qui nous permet de juger nos actions et celles des autres comme bonnes ou mauvaises. Elle fait donc partie de l’individu, elle nous est « intérieur », à tel point que beaucoup de penseurs la comparent à une voix. Rousseau s’exclame ainsi « Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix (…) » dans l’Emile : il y aurait donc une voix intérieure qui nous servirait de guide dans nos actions, qui nous dirait ce qui doit ou ne doit pas être fait, qui nous fournirait donc les règles de notre conduite.
Dès lors nous pouvons nous demander qu’elle est l’origine de la conscience morale : s’agit-il d’un conditionnement social, d’une assimilation par l’individu des règles imposées par la société ?
Il s’agira tout d’abord de déterminer l’origine sociale de notre conscience morale puis de montrer qu’elle ne peut en aucun cas se réduire au conditionnement social.
Pour Aristote « l’homme est un animal politique », cela veut dire qu’aucun être humain ne peut vivre durablement seul ; l’homme est donc voué à vivre parmi ses semblables, il est condamné à vivre