Monsieur
Introduction
Si l‘homme agit souvent d’une façon instinctive automatique, il agit parfois d’une façon volontaire, libre et réfléchie, en prenant conscience des fins qui déterminent son action. Mais les fins possibles sont multiples. Comment devrons-nous alors choisir ? Que devons-nous faire? Pour répondre a ces questions il nous faut préalablement savoir : Pourquoi sommes-nous tenus à choisir ? Quels sont les facteurs qui déterminent ce choix? D'où est ce que ces facteurs tirent leur pouvoir? La réponse à ces questions est fournie par la conscience morale dont il faut préciser la nature, la fonction et surtout les principes sur lesquels elle se fonde pour formuler ses prescriptions et les imposer.
Le terme conscience est ambigu. Il peut être pris dans deux acceptions différentes. Ou bien il signifie témoin, un observateur enregistrant ce qui se passe devant lui et en lui, on a alors la conscience psychologique; ou bien il signifie juge et on a alors la conscience morale qu'on conçoit comme une voix intérieure qui nous dicte notre devoir et qu'on peut définir comme étant « la connaissance immédiate qu'a le sujet pensant de la valeur morale de ses intentions et des ses actes ».
Si la conscience psychologique révèle ce qui est, la conscience morale prescrit ce qui doit être. L'animal, régi par l'instinct, trouve une réponse toute faite à ses besoins. L’homme, au contraire, hésite. Il prend conscience de ce qu'il fait en rapport avec ce qu'il a fait hier, avec ce qu’il pourra faire demain. « Par la conscience l'homme est toujours un peu en avant et un peu en arrière de lui-même ».
Plusieurs questions se posent à propos de la conscience morale : comment se forme-t-elle ? Quels sont ces éléments ? A-t-elle une dimension affective ou rationnelle ? Quelle est sa nature ? Est-elle innée comme le réclame Rousseau, ou est-elle acquise comme le suppose Freud et Durkheim ? Et si elle est innée, comment expliquer la différence des valeurs