« Contre la bêtise, les dieux même luttent en vain »
Dans sa correspondance, Flaubert évoquait son désir de rédiger une « encyclopédie de la bêtise humaine ». Vaste entreprise, que l’on retrouve dans Bouvard et Pécuchet . Si démesurée que le pauvre Bouvard n’y résista pas : il mourut en 1880, laissant l’ouvrage inachevé.
Qu’entend-on par « bêtise » ? Les multiples acceptions du mot nous amènent aujourd’hui à nous interroger sur ses origines, son existence, épisodique ou permanente, et ses manifestations. Or quiconque prétendrait s’intéresser à al bêtise, sous peine d’être taxé de prétention, ne peut prétendre s’en abstraire. !
« Contre la bêtise, les Dieux même luttent en vain ». Cette formule, émanant des tréfonds de l’antiquité grecque, mérite d’être éclairée ? Ce sera l’objet d’une première partie. Puis nous tenterons de préciser les différentes significations du terme et les domaines auxquels il se rapporte. Enfin, nous verrons si l’esprit est réellement impuissant face à la bêtise.
Le paradoxe de l’expression est remarquable : il y aurait impuissance des Dieux face à la bêtise. Quel est le propre de la bêtise, et à quelle catégorie terrestre cette caractéristique s’applique-t-elle ? Elle ne concerne pas les êtres inanimés. Sauf métaphore,, il est rare que l’on soit vraiment « bête comme ses pieds » . Pour être taxé de bêtise, il faut forcément être homme, donc intelligent. Or l’animal n’est ni intelligent ni bête, même si l’on parle de celui qui est « bête comme un âne ». Ce serait prêter aux animaux une conscience qu’ils n’ont pas. La bêtise est donc un trait proprement humain ou concernant les expressions abstraites de l’humain, telles que les idées ou les sentiments. Donnons, avant de poursuivre, quelques définitions : l’intelligence ou l’entendement est la faculté de comprendre et d’innover. La raison, modalité de la pensée intelligente, est la faculté de combiner des jugements.
On considère habituellement la bêtise comme une