Courbet
Courbet voulait grâce à ses autoportraits, sortir des conventions du portrait traditionnel. Pour se mesurer aux grands artistes du passé et s'imposer à ses contemporains, il devait produire des représentations cohérentes avec l'effet illusionniste habituel; mais il lui fallait aussi, en plus, introduire une composition complètement nouvelle. L'une des caractéristiques de cette composition est l'emplacement et le rôle des mains. Elles n'ont pas de fonction utilitaire ni symbolique, mais font sentir que le personnage est bien vivant, (Autoportrait à la pipe), et que le corps qui nous fait face est en contact presque direct avec celui du peintre - c'est-à-dire avec notre propre corps (L'homme au ceinturon de cuir). Les mains jouaient un rôle majeur dans la composition de ses autoportraits.
Une autre des caractéristiques est sa tendance à se montrer lui-même ou une partie de son corps de dos. Courbet amène le spectateur à s'identifier, pas par son image mais par sa « présence ». Si près de lui, tourné dans la même direction que lui, je respire comme lui, je médite comme lui sur ma présence.
Autour de 1848, ayant dépassé les 30 ans, Courbet s'est senti assez fort pour appliquer les principes qu'il avait dégagés dans ses autoportraits à une large gamme d'autres sujets. C'est le cas par exemple pour L'après-dînée à Ornans, qu'on peut analyser comme une juxtaposition de quatre autoportraits. Plus généralement, sa peinture tend vers une fusion du peintre, du modèle et du spectateur, y compris lorsque le modèle est féminin, et y compris lorsqu'il représente des paysages. C'est alors