Cours sur l'art
Pour les Anciens, l'art est déterminé, et n'est pas l’objet d’un questionnement. La catégorie du beau est précise, établie, elle n'est pas contestée. Ainsi, le rapport de l’art avec le réel est relativement simple : il s'agit de représenter le réel avec l'œuvre d'art. L’art imite le réel et ne porte pas de message spécial, il n'est pas politique mais purement représentatif et esthétique. La distinction entre l’artiste et l’artisan n’existe pas, et le plus souvent l’art s’identifie à l’artisanat. L’origine étymologique va dans ce sens : l'étymologie latine « ars » est l'équivalent du grec « teckne ». L’art est alors savoir-faire ou technique, et vise à produire des choses utiles.
Avec la modernité, qui remet en question toutes ces catégories établies, rien de tout cela n’est plus certain. C'est un des aspects du désenchantement du monde : le Beau, de même que le sens, le juste et le bien ne sont plus issus de la Nature, mais sont incertains et à définir. La modernité n'est plus capable de définir spécifiquement le beau, ni quel est le rapport de l'art avec le réel, ou le rapport de l'art avec le message à fournir, la politique. La modernité donne donc lieu à trois dilemmes auxquels elle-même n'est pas capable d'apporter une réponse, laissant à chacun la liberté de les trancher : Le jugement esthétique. La beauté est-elle objective ou relative ? Autrement dit, peut-on dire que certaines œuvres, certains aspects esthétiques sont beaux pour tout le monde, sont beaux en soi ? Peut-on dire qu'il existe des œuvres belles objectivement, pour tous ? Ou alors prétendre que ceci est faux, que la beauté n'est que purement subjective, qu'elle n'existe que pour soi ? Que le jugement esthétique dépend de chaque individu, et de la société qui le crée ? Existe-t-il des éléments de beauté universels, ou la beauté n'est-elle relative qu'à l'individu et la société ? Le rapport avec le réel. L'art est-il là pour représenter le réel, afin que l'homme, par la