Cours d'harmonie de michel baron
Le postulat politiquement correct selon lequel l'harmonie serait une discipline servant à développer l'audition de base est à peu près aussi peu sérieux que de considérer les études de médecine comme un préalable pour assimiler les cours de biologie du secondaire. Il est de bon ton également, surtout dans les universités américaines, de limiter l'harmonie à un outil indispensable pour le cours d'analyse. Ailleurs, des mandarins affirment que la Musique ne reviendra plus à la conception de l'oeuvre "écrite". Cette affirmation n'est probablement valable que pour un petit secteur artistique orienté vers la jouissance de quelques dizaines de créateurs subventionnés. En réalité, toute la musique commerciale que nous subissons (par exemple les plus mauvaises publicités) ainsi que toute la musique que la plupart des gens apprécient (par exemple les meilleures musiques de films) sont toujours écrites selon les principes de base de l'écriture classique, quelles qu'en soient les variantes et les évolutions. Même dans le domaine artistique "sérieux", bien des créateurs connaissant leur métier, finalement joués beaucoup plus régulièrement que certains mandarins dont la mode passe vite, continuent d'utiliser la forme écrite. Il n'y a donc pas d'anachronisme aujourd'hui à étudier l'harmonie classique à fond, en tant que début d'apprentissage de l'écriture musicale, concept qui a beaucoup plus d'utilité et d'avenir social que la course aux langages personnels : aujourd'hui tout se passe comme si aucun créateur ne pouvait plus se permettre d'avoir le même langage musical que son voisin et devait se trouver, d'abord, « un son bien à lui » pour jouir d'un bon statut professionnel. On sait bien que beaucoup de ces avenues ont surtout réussi à éloigner de la musique, qu'on disait "sérieuse", le public qu'elle avait pourtant su conserver à travers ses grandes évolutions de la première moitié du siècle : 1 quand Ravel a créé son "Boléro", on entendait