Croissance et environnement
Depuis quelques décennies, les alertes quant à l’état de la planète ne cessent de se multiplier. Les études environnementalistes comme les interventions des mouvements écologistes sont formelles: le climat se réchauffe, la température moyenne s’est élevée d’un demi-degré depuis le début du XXème siècle, l’eau douce ne cesse de se faire plus rare, des milliers d’espèces vivantes sont menacées d’extinction, et le défrichage des forêts accompagné d’une intensification agricole usant de nombreux intrants chimiques prend de plus en plus d’ampleur dans les pays en développement, notamment sous la pression démographique. Ainsi entend t- on souvent la recherche de croissance économique mise en accusation, puisqu’en tant que phénomène quantitatif elle ignorerait ses conséquences qualitatives sur l’environnement. Ce dernier sera ici envisagé dans le sens de ressources naturelles renouvelables et non- renouvelables, et nous délaisserons l’aspect socio-économique de l’environnement, notamment en terme de savoirs et savoir-faire. La poursuite de la croissance doit-elle véritablement être entravée afin de remédier à ce que l’on désigne comme le « problème de l’environnement » ; en d’autres termes économie et écologie relèveraient-elles inéluctablement de deux logiques irréductibles l’une à l’autre ? C’est ce que nous tenterons d’examiner en montrant que si les théories économiques sont certes parvenues à concilier croissance et environnement, cette conciliation s’avère insuffisante pour faire face au « problème de l’environnement ».
1.Les théories économiques sont parvenues à concilier croissance et environnement
1.1. De l’idéologie de la croissance illimitée
L’histoire de la théorie économique est marquée par un grand mythe de l’amélioration (du bien-être par accroissement du capital ou par l’échange) qui a longtemps contribué à évincer les préoccupations environnementales. Ainsi la plupart des modèles de croissance font abstraction de l’environnement et de