Croyance justifiée
L’être vivant est un être organisé où chaque partie a une fonction déterminée au sein du tout. Il semble donc possible pour la raison de saisir la logique de cette organisation comme si l’organisme était un mécanisme complexe, par exemple une horloge plus ou moins sophistiquée. Cependant, comprendre le vivant, ce n’est pas seulement saisir la logique de son organisation mais aussi celle de son évolution. Le vivant se distingue des objets inertes étudiés par la physique en ce que la cause ne semble jamais pouvoir suffire à le comprendre sans faire intervenir la notion de fin. L’activité même de reproduction, par exemple, oblige de définir un but à l’organisme. Dès lors, le travail de la raison n’est pas seulement d’expliquer le vivant en se demandant comment il fonctionne, mais aussi de comprendre le pourquoi d’une activité fonctionnelle. Ainsi, il faudra nous demander si cette nécessité de penser le vivant non pas seulement selon la causalité mais aussi selon la finalité implique que celui-ci échappe à une logique rationnelle. Y a-t-il une logique du vivant ou bien le vivant échappe-t-il à tout déterminisme selon des lois fixes et immuables ?
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Il semble, tout d’abord, que la raison puisse saisir la logique d’organisation d’un être vivant. L’être vivant est un être naturel et on peut raisonnablement penser que les lois qui conditionnent son activité et son organisation n’échappent pas aux lois de la nature, c'est-à-dire aux lois de la physique et de la chimie. Lorsque Descartes défend, dans le Discours de la méthode, la possibilité pour l’homme de se rendre « comme maître et possesseur de la nature », il s’appuie sur l’idée que les lois de la physique, déjà connues et utilisées par les artisans dans leurs différents métiers, doivent aussi permettre de connaître, d’expliquer et de maîtriser les forces de la nature en dégageant une régularité dans les faits naturels. Pour comprendre le