C'est dans ce contexte historique dramatique que nous allons suivre nos deux personnages au fil d'une histoire merveilleuse, bien que douloureuse, où la lecture de livres interdits va provoquer pour eux une révolution bien plus grande et dévastatrice que celle organisée par l'Etat lui-même, en leur faisant prendre conscience de leur individualité, de leur capacité à ressentir, à s'émouvoir, à aimer… ; or, en Chine, il n'est pas de plus grand crime. Dai Sijie nous entraîne dans un monde terrible, parce qu'absurde, où l'interdit entrave jusqu'aux sentiments les plus simples, où les hommes perdent tout, même leurs rêves. Le livre n'y a pas droit de cité, ou alors seulement les livres du grand Timonier. la question "Comment ce livre est- il devenu un film ?", Dai Sijie répond : " Parce qu'une société de production s'y est intéressé. En fait, plusieurs producteurs ont contacté mon éditeur, mais Lise Fayolle a su me parler du livre et du film que l'on pourrait en faire. Elle n'a pas essayé de m'imposer ses idées sur le scénario, partant du principe qu'il ne s'agissait pas là d'un scénario original mais de l'adaptation d'un roman. Elle aimait le roman et souhaitait retrouver dans le film la même histoire et l'émotion qui s'en dégage. Parce qu'il s'agit d'un film, j'ai ajouté quelques scènes qui font que l'histoire devient contemporaine, tout en restant pour l'essentiel dans son contexte chinois des années 70."
La Petite Tailleuse chinoise est adapté de son premier roman, largement autobiographique, édité chez Gallimard. Best-seller de l'hiver 2000, le livre s'est vendu en France à 250 000 exemplaires, a été couronné de nombreux prix et a été traduit en 25 langues… sauf le chinois.
Comment définiriez-vous votre travail d’écriture, la construction narrative ?
Dai Sijie : D’un point de vue narratif, je voulais mieux faire que dans mon premier roman, Balzac et la petite tailleuse chinoise. J’ai essayé d’utiliser dans chaque chapitre, une forme narrative différente :