Damas solde
Le vêtement et les rituels sont les redoutables armes symboliques de l’assimilation imposée au colonisé et vécue comme une aliénation et une humiliation qu’il dénonce : atteinte à sa dignité soulignée par l’anaphore « j’ai l’impression d’être ridicule », affaiblissement et déformation du corps entravé et caché par des vêtements d’emprunt, maladie. Il clame son inadaptation à cette société symbolisée par la souffrance des orteils.
Damas passe de la savoureuse caricature des métropolitains, qu’il prive de toute identité (« ils », « eux »), et de ses plaintes à un aveu de culpabilité. Accepter la comédie sociale parisienne fait de lui un « complice », un « souteneur ». Les violentes images finales de l’« égorgeur » et des mains ensanglantées traduisent la pire des complicités avec les crimes de la colonisation perpétrés au nom de la civilisation, dénoncée ironiquement par la typographie qui imite la suffisance de la prononciation. Le titre « Solde », polysémique, privé d’article, est riche de son ambiguïté : mercenaire à la solde de la civilisation, il veut solder sa