Dante
Dans la nouvelle de Vercors, Le Silence de la mer, un de ces soirs d’hiver où l’Officier allemand occupant poursuit son monologue dans le silence obstiné et résolu de l’Oncle et de la Nièce, il examine les rayons de la bibliothèque et s’extasie devant l’abondance des auteurs français énumérables à chaque lettre de l’alphabet : « Il était devant les rayons de la bibliothèque. Ses doigts suivaient les reliures d’une caresse légère.
_ …Balzac, Barrès, Baudelaire, Beaumarchais, Boileau, Buffon… Chateaubriand, Corneille, Descartes, Fénelon, Flaubert… La Fontaine, France, Gautier, Hugo… Quel appel ! Et je n’en suis qu’à la lettre H !... Ni Molière, ni Rabelais, ni Racine, ni Pascal, ni Stendhal, ni Voltaire, ni Montaigne, ni tous les autres !... Il continuait de glisser lentement le long des livres… Les Anglais, reprit-il, on pense aussitôt : Shakespeare. Les Italiens : Dante. L’Espagne : Cervantès. Et nous, tout de suite : Goethe. Après, il faut chercher. Mais si on dit : la France ? Alors, qui surgit à l’instant ? Molière ? Racine ? Hugo ? Voltaire ? Rabelais ? ou quel autre ? Ils se pressent, ils sont comme une foule à l’entrée d’un théâtre… »
La page est malheureusement d’un Français (Jean Bruller, le vrai nom de Vercors), ce qui dévalue un peu l’éloge. Mais ce qui retient ici mon attention est le représentant de la littérature italienne : DANTE. Evidemment, nous avons tous entendu ce grand nom. Mais le connaissons-nous pour autant ? Nous nous inclinons respectueusement devant « l’Altissime », mais savons-nous seulement le situer dans la chronologie ? Hormis le couple qu’il forme avec Béatrice, l’Enfer, le Purgatoire, la haute compagnie de Virgile, saurions-nous dire quelque chose de ce poète florentin du XIIIè siècle finissant ? Pour moi, jusqu’à l’an dernier, c’était la plus barbare ignorance, je l’avoue. Et il m’est advenu une petite aventure culturelle que je voudrais ici vous conter : à une vente de livres j’ai trouvé un énorme Dante illustré et