Descartes & montaigne sur pascal
2582 mots
11 pages
DESCARTES ET MONTAIGNE Sans avoir jamais été ses maîtres à penser, Descartes et Montaigne ont largement alimenté la réflexion de Pascal. Il connaît bien leur œuvre ; il a même contribué à la publication posthume du traité de Descartes sur L’Homme. Il ressent pour ces deux hommes une estime certaine, qui n’exclut pas de sérieuses réserves. Pour Pascal, Descartes est le « docteur de la raison », le type de ce que les Pensées appellent un dogmatiste, qui accorde la plus grande confiance aux capacités théoriques et morales de l’homme. Pascal admire surtout en lui le promoteur de l’analyse et de la méthode. L’auteur du Discours croit la raison capable des plus hautes découvertes scientifiques, à la condition qu’elle procède par ordre et selon des règles rigoureuses. L’éloge que Pascal prononce dans L’Esprit géométrique est significatif : il loue moins l’invention du « je pense, donc je suis » que le génie qui a su « apercevoir dans ce mot une suite admirable de conséquences qui prouve la distinction des natures matérielles et spirituelles, et en faire un principe ferme et soutenu d’une physique entière ». De ce point de vue, le souci de l’ordre, constant chez Pascal, est typiquement cartésien, ainsi que le reproche de prévention adressé au P. Noël (non sans ironie, puisque le P. Noël est sur certains points proche de Descartes).
Pascal n’en juge pas moins Descartes « inutile et incertain », parce qu’en proie à la libido sciendi : il « approfondit trop les sciences » (L.887, S.445 et L.553, S.462). Son ambition de science universelle lui paraît vaine. Il suffit en effet de savoir « en gros » que les phénomènes mécaniques se font « par figure et mouvement », mais « de dire quelles et composer la machine », c’est-à-dire chercher à décrire le détail de leur fonctionnement, «cela est ridicule» et suppose une recherche pénible qui n’apprend rien à l’homme sur lui-même (L.84, S.118). D’ailleurs, quoiqu’il emploie en hydrostatique certains principes de Descartes et