Dictateur
Dans Nuit et Brouillard, Alain Resnais utilise le croisement entre les images en couleurs tournées en 1955 et les images d'archives en noir et blanc ; le commentaire sobre écrit par Jean Cayrol, ancien déporté politique, et lu par Michel Bouquet, plonge le spectateur dans l'horreur des camps de concentration. Réalisé dix ans après la fin de la guerre, Nuit et Brouillard reste tributaire de la perception que l'on pouvait avoir du phénomène dans les années 50.
La particularité du film, outre une image censurée où l'on voyait un gendarme français gardant un camp, c'est l'absence presque complète de la spécificité juive de l'extermination. Le mot "Juif" n'est prononcé qu'une seule fois : dans une longue énumération des victimes où l'on retrouve "Annette lycéenne de Bordeaux"..., le commentaire évoque "Stern, étudiant juif d'Amsterdam". Ce sera tout.
Nuit et Brouillard est donc un film qui montre bien l'horreur des camps de concentration mais évacue le caractère juif du génocide
NUIT ET BROUILLARD de Jean FERRAT.
C'est une chanson courageuse que celle de Jean Ferrat. En pleine période de naissance du rock yé-yé (allusion au "twist" à la fin du texte), faire une chanson sur la déportation n'avait rien d'évident. La maison de disque était d'ailleurs réticente, raconte le chanteur. Jean Ferrat, dont le nom véritable est Tenenbaum, est personnellement impliqué dans la question de la déportation : le père de Jean Ferrat, un joaillier juif de Versailles, a été déporté et est mort à Auschwitz. A l'âge de 12 ans, en 1942, Jean Tenenbaum a porté l'étoile jaune. Pourtant, la volonté de l'auteur est de fondre les différentes catégories de déportés : peu importe en effet la religion, peu importe qu'il s'agisse de Jean-Pierre (prénom français), de Natacha (prénom russe) ou de Samuel (prénom juif), la caractéristique commune de tous les déportés est la volonté de résistance : "Ils voulaient simplement ne plus vivre à