Diderot supplément au voyage de bougainville
• S’opère dans l’extrait étudié une accusation forte et claire contre Bougainville : il est nommé explicitement ligne 1, puis repris en apostrophe dès le début du discours du vieux tahitien « Et toi ». Le texte peut d’ailleurs se comprendre ainsi dans son ensemble. Pourtant, en se penchant plus rigoureusement sur l’utilisation du pronom personnel deuxième personne, nous pouvons constater un glissement de sens : Bougainville n’est plus seul accusé du vieillard, mais incarne l’image d’un peuple colonisateur et despote, réel accusé de cet extrait - Diderot va jouer sur l’implication du pronom personnel « tu » chez le lecteur -. En témoigne l’absence sur l’ensemble du discours de nom propre mais seulement l’utilisation du relais « tu » et son extension « vos » (l.15 et l.16). Cette absence de référence concrète à un destinataire identifié va donc permettre l’investissement du lecteur comme destinataire (ainsi « quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi » (l.24-25) entraîne par extension une réflexion du lecteur, où le « tu » lui est également destiné.) • Le choix des différents arguments permet de placer ici l’idée d’une argumentation indirecte. (1) Peuvent s’isoler dans cette sous-partie deux types d’arguments : argument ad hominem (lignes 14 à 17 par exemple) ou argument à partir d’exemples pour en extraire une généralisation (toute la première partie sur le rapport entre les colons et les femmes). Cela nous permet d’appuyer l’idée d’un changement d’accusation : passage d’un discours contre Bougainville en particulier à la colonisation en général. (2) Cette stratégie met en place une argumentation qui fait autant appel à la raison (convaincre) qu’aux sentiments (persuader). Nous pouvons la qualifier d’argumentation indirecte puisque notre extrait présente un vieillard qui prend la parole (oralité importante). Accusation non d’un homme mais d’un acte, d’une idée, dans un discours argumenté : nous