Dissert rilke
Quand le poète peut-il, ou plutôt doit-il écrire ? Existe-t-il une condition sans laquelle il est proscrit à l'écrivain de tenter d'être poète ? Rainer Maria Rilke, dans les Lettres à un jeune poète, œuvre de 1937 dans laquelle il entretient une correspondance avec le poète en-devenir Franz Xaver Kappus, explique, au cours de sa toute première lettre, que l'écriture poétique doit être, pour le poète, une nécessité, et que cette nécessité se doit de se trouver au centre des préoccupations, au centre de la vie du poète. Ce dernier doit, comme Rilke en informe Kappus, vivre pour écrire et non pas écrire pour vivre. Se pose ensuite la question centrale de l'objet de l'écriture poétique : selon Rilke, le poète doit utiliser, comme sujets de son œuvre, ses « Traurigkeiten », c'est à dire ses tristesses, ses « Wünsche », entendons par là ses souhaits, ses « vorübergehenden Gedanken », soit ses pensées fluctuantes, et ses « Glauben an irgendeine Schönheit », c'est à dire sa foi en une quelconque beauté. L'objet poétique doit donc être personnel et intérieur au poète, de ce fait il est essentiellement inconstant. La suite de la lettre du 17 février 1903 tombe ensuite sous le sens : « Gebrauchen Sie, um sich auszudrücken, die Dinge Ihrer Umgebung, die Bilder Ihrer Träume und die Gegenstände Ihrer Erinnerung. », ainsi le poète doit utiliser, pour s'exprimer, les choses qui l'entourent, les images de ses rêves, et les objets de ses souvenirs. Le poète doit utiliser le constant, le durable pour exprimer l'inconstant, l'éphémère, tout en demeurant centré sur une introspection personnelle, et doit être capable, toujours selon Rilke, de sublimer l'anodin et la banalité de son quotidien : « Si votre quotidien vous