Bérénice est une tragédie de Jean Racine, composée de cinq actes, qui a été jouée pour la première fois en 1670. Racine reprend le thème mythologique de la séparation de Titus et Bérénice, alors que Pierre Corneille écrit à ce moment même sa pièce Tite et Bérénice. Nous chercherons à expliquer pourquoi l’œuvre de Racine est une tragédie classique. Nous étudierons en premier lieu les règles de la tragédie classique, puis la façon dont Racine les exploite dans son roman. Pour terminer, nous verrons s’il s’agit d’une tragédie ou d’une pièce tragique.

La tragédie classique vient de la Poétique aristotélicienne. Elle comprend une exposition, des péripéties qui servent à démêler et à faire évoluer le nœud de l’histoire, et un dénouement. Une situation difficile est en jeu, où la fatalité est irrémédiable, on assiste à un « conflit tragique » où des héros de la haute société se font face. Aussi, la tragédie doit obéir à des règles plus précises : l’unité de temps, de lieu et d’action. Ainsi, une seule intrigue doit se dérouler en moins de vingt-quatre heures dans un même lieu. Cette action doit toutefois obéir à une règle de crédibilité : le spectateur doit s’approprier l’action comme s’il en faisait partie. Mais ce n’est pas les seules règles que doit respecter la tragédie classique. La troisième est celle de la bienséance : en effet, il s’agit d’adapter la pièce aux principes moraux, religieux et sociaux afin de plaire au public, sans le choquer pour autant.

Racine, dans Bérénice, tient à respecter ces règles, mais réussit à les mettre en valeur en leur donnant un effet dramatique. Le « cabinet qui est entre l’appartement de Titus et celui de Bérénice » prend un sens important grâce à l’unité de lieu : la pièce est annoncée par cette première didascalie où les enjeux seront l’amour et le pouvoir. Le fait que le cabinet soit coincé entre deux chambres accentue l’effet de huis clos donné par l’unité de lieu. L’unité de temps n’est pour sa part pas détournée :