Dans ces conditions, nous sommes toujours maîtres de ce que l’on fait, et cela d’autant plus que nous sommes, nous les hommes, les seuls à décider, librement. Cette conception écarte tout déterminisme religieux. Même si les dieux existent, ceux-ci n’ont que faire des affaires humaines, comme le pensait Epicure. Plus près de nous, les Modernes ont remis les hommes au centre du monde, après l’intermède moyenâgeux. Dieu n’est plus de la partie pour ce qui est de fixer le destin de chacun. L’homme est responsable de ses actes. Il devient même, selon une idée sartrienne, la somme de ses actes. L’identité, loin d’être immuable et prédéfinie, est au contrainte en constante évolution, variant au gré des agissements. C’est à chacun de se déterminer au lieu de se conformer à ce qui devrait être. Cette approche revient à considérer que l’on est maître de ce que l’on fait, en refusant toute transcendance, lui préférant l’immanence. Cette proposition prend pour argument le fait que le monde soit silencieux. Le réel en effet ne nous ordonne rien, ni même nous conseille. Seul l’homme peut maîtriser ses actes. Les animaux ne peuvent lui prendre cette maîtrise, encore moins Dieu si l’on considère qu’il n’existe pas, ce qui n’est pas plus absurde que d’y croire. Considérer être maître de ce que l’on fait, c’est aussi accepter la solitude humaine, ce qui parfois n’est pas sans éprouver une certaine angoisse. Pascal l’a très bien fait remarquer en son temps, à propos du silence éternel des espaces infinis. Le libre-arbitre est peut-être à ce prix, mais nous n’avons pas le choix, comme l’indiquait Sartre en considérant que nous sommes condamnés à être libre. A la fois nous sommes maîtres de ce que l’on fait, mais nous devons l’être. Autrement dit, la seule liberté qui nous échappe serait de refuser celle-ci.
Nous comprenons maintenant que le fait d’être toujours maître de ce que l’on fait est conditionné par le degré de liberté dont nous disposons. Soit celle-ci est absolue et alors