Dissertation en attendant godot
Jean-Paul Sartre
Il est vrai que l’interrogation première du lecteur face au texte de Samuel Beckett est celle de savoir qui est ce Godot, cet être que même les deux principaux protagonistes ne connaissent pas et qui, finalement, ne fera jamais apparition. Evidemment, si l’on examine littéralement ce nom, Godot fait immédiatement penser à God et la perspective d’un Dieu dont on ignore jusqu’à même la forme mais que l’on attend toute notre vie semble logique. Il y a également le verbe latin gaudere qui donne en italien godere et signifie jouir. On peut, dans ce cas, poser l’hypothèse de l’attente d’une jouissance qui ne vient pas car elle n’est pas autorisée, parce que c’est le propre de l’homme de tourner en rond jusqu’à la fin. Il y a dans l’œuvre de Beckett, l’omniprésence de l’absurdité de la condition humaine, l’absence d’un sens que l’on aimerait donner à la vie et personne pour rattraper la culpabilité de l’homme.
« Didi » et « Gogo » forment une paire, un couple, et sont l’image d’une relation dont il est impossible de se délier tant elle est nécessaire mais qui, pourtant, n’apporte que mélancolie et désarroi : (p.76) « Vladimir : Tu me manquais – et en même temps, j’étais content. N’est-ce pas curieux ? […] Estragon : Tu vois, tu vas moins bien quand je suis là. Moi aussi, je me sens mieux seul. Vladimir (piqué) : Alors pourquoi rappliquer ? Estragon : Je ne sais pas » Cette impossibilité à se détacher l’un de l’autre alors qu’ils ronchonnent perpétuellement, ne se comprennent pas (p.14) « Estragon : Qui ? Vladimir : Comment ? Estragon : Je ne comprends rien… » et divergent d’opinion, c’est l’image de l’être humain qui a besoin de partager sa condition car il a peur. Seul, il ne signifie plus rien. D’ailleurs, dans le récit biblique,