La vie de l'homme est jonchée de nombreuses et diverses interrogations et ce depuis toujours. En effet, l'homme pose des questions, se pose des questions, critique et juge. Il examine également les idées qu'on lui présente et il doute des certitudes qui semblent les mieux assurées. Cette capacité qu'a l'homme de réfléchir, de juger et de penser par soi-même, donc librement, est appelée esprit critique. Néanmoins, l'homme s'est parfois vu imposer des contraintes, lors de l'expression de certaines de ses idées, notamment dans le cadre de régimes totalitaires, qui l'ont empêché de développer et de diffuser ses idées comme bon lui semblait. Nous pouvons donc dire que dans de tels circonstances, des limites ont été imposées à l'homme mettant en péril la pleine jouissance de son esprit critique. Ainsi, nous pouvons nous interroger quant à la légitimité de l'érection de limites à l'esprit critique. Alors, faut-il fixer des limites à l'esprit critique?

L'esprit critique consiste à examiner librement toutes les idées que l'on nous soumet afin de pouvoir déterminer en raison si elles sont vraies ou fausses. Toutefois, l'esprit ne doit pas être critique au point de n'admettre aucune vérité, au point de tomber dans un scepticisme absolu qui rendrait impossibles tout raisonnement et toute connaissance. En ce sens, il est nécessaire de fixer des limites à l'esprit critique.
En effet, selon Protagoras, «l'homme est la mesure de toute choses». Ainsi, toute opinion est relative et propre à celui qui l'affirme. Socrate résume la thèse de Protagoras: «N'arrive-t-il pas parfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre? Or que dirons-nous alors de ce souffle de vent envisagé tout seul et par rapport à lui-même? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid? Ou bien en croirons-nous Protagoras: qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pour qui ne frisonne pas?» (Théétète 152b). Le constat sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre