Dissertation «la liberté obéit-elle à des limites?»
Raskolnikov, dans Crime et châtiment de Dostoïevski, décide de tuer sa vieille usurière sous le prétexte d’améliorer par son crime, le sort de l’humanité. Ainsi, défiant toute loi et exerçant une liberté illimitée, il obéit à sa propre impulsion : « Peut-être par la force de ses désirs, s’était-il alors cru un homme à qui davantage était permis qu’à un autre », admet l’auteur. Cette opposition entre l’observance de la loi et son acte délibéré, nous conduit à nous demander si précisément la liberté obéit à des limites. À ce titre, il convient en premier lieu d’analyser les termes du sujet. La « liberté » renvoie à trois définitions bien précises : le pouvoir d’agir selon son propre vouloir, sans contrainte; le droit de faire tout ce qui n’est pas défendu par la loi, et l’état d’une personne qui agit conformément à sa propre raison. A partir de cette terminologie, un double rapport s’établit avec le verbe «obéir» : soit un rapport d’opposition, au sens où le verbe désigne l’action de se soumettre à quelqu’un en se conformant à ce qu’il ordonne et défend; soit un rapport de continuité si nous envisageons « obéir » comme le fait d’adhérer, acquiescer à ce qui est dicté, suivre ce qu’on se propose. Enfin, « limites », marqué ici par le pluriel, se définit comme une barrière, un frein, un point que ne peut et ne doit pas dépasser l’action de quelqu’un ou quelque chose mais également comme une frontière, une ligne qui sépare deux espaces et enfin comme un principe de clôture. Au sens mathématique, le mot renvoie à un point vers lequel on tend sans pouvoir l’atteindre, un horizon, un idéal.
Cela suscite un questionnement: si la liberté se définit comme indépendance, toute soumission contre la volonté de l’individu est, par définition, contradictoire avec son pouvoir d’agir. Dans ces conditions, se soumettre contre sa volonté, est-ce que cela ne revient pas à s’aliéner? Toutefois, en laissant chacun agir à sa guise, de