Dissertation: le choix et le hasard dans pride and prejudice
« Happiness in marriage is entirely a matter of chance. » affirme Charlotte Lucas au chapitre 6 du roman. Elle choisira cependant quelques chapitres plus tard un homme qui comme le souligne l’héroïne, ne pourra pas la rendre heureuse (chapitre 22). La question du hasard et du choix concernant le destin des personnages et la résolution de l’intrigue dans le roman Pride and Prejudice, de Jane Austen, s’inscrit dans une tension permanente entre la romance, dont le mécanisme favori est le hasard, et le réalisme qui se distingue par le mouvement contraire, et est donc à rapprocher du choix. Ces deux notions ont une définition contradictoire : le hasard implique l’ignorance des causes et des conséquences d’un événement, alors que le choix ne peut fonctionner qu’en « connaissance de cause » Elles devraient donc s’exclure mutuellement, mais dans la dynamique romanesque, l’une n’existe pas sans l’autre. On peut alors se demander comment le choix et le hasard participent conjointement ou séparément à l’élaboration d’une éthique et d’un modèle d’harmonie sociale au sein du roman. La question du choix et du hasard est d’abord intimement liée à la dimension didactique du roman, aussi bien concernant la question séminale du mariage, que dans celle des passe-temps des protagonistes, qui symbolisent leurs valeurs morales. La fiabilité des personnages amène donc d’autre part à se poser la question de celle de l’héroïne. En effet, si elle est inconsciemment dépendante du hasard dans la formation de son opinion, la narration met aussi en évidence sa volonté propre dans l’expression des jugements qu’elle porte, et souligne sa détermination à faire face à l’épreuve qui lui est imposée par le biais de la lettre de Darcy. C’est donc à partir de cet épisode que le hasard va reprendre le dessus en faisant « triompher » la romance, bien que le roman s’achève sur une ambiguïté qui ne peut trancher en faveur du