Au 17ème siècle, la notion de « fable » n’existe pas au sens où on l’entend aujourd’hui. « Fable » vient de « fabw » qui signifie « langage des dieux ». La Fontaine en choisissant ce « genre » qu’est la fable, s’inscrit dans une tradition qui remonte du 8ème siècle avant Jésus-Christ avec « L’épervier et le rossignol » d’Hésiode à la période de la Renaissance où on a pu lire des auteurs humanistes qui reviennent sur l’œuvre d’Esope, comme Erasme, Montaigne, etc. La Fontaine exprime cette ascendance dans sa préface de 1668 où il cite de très nombreux auteurs du genre tels que Socrate, Esope, Phèdre ou Aviénus. L’engouement de l’époque pour les fables a contribué à leur prolifération. La Fontaine, qui a sacrifié sa vie pour son œuvre, l’assimila dans la fable 1 du Livre V à :
« une ample comédie à cent actes divers,
Et dont la scène est l’univers. »
Nous pouvons nous demander en quoi ces vers sont représentatifs de l’entreprise que développe La Fontaine dans son œuvre et surtout en quoi cette notion dramaturgique peut-être ou non significative de son travail ? Dans un premier temps nous allons observer en quoi ces vers ne représentent en rien -de part leur aspect contradictoire- l’œuvre de La Fontaine, dans un second temps, nous allons étudier les limites de ce raisonnement notamment au niveau de la notion dramaturgique et de la variété présente tout au long des textes, et enfin dans un dernier temps, nous analyserons en quoi tout cela amène à une littérature mimétique mais créatrice, qui apporte une vérité ainsi qu’une visée didactique.

I Comment ces deux vers ne sont-ils pas caractéristiques de l’œuvre de La Fontaine :
Une notion dramaturgique contradictoire :
A: Les Fables n’appartiennent au genre dramatique:
Pour commencer, on peut se poser la question du rapport entre le genre dramatique (dramaturgique) et Les Fables de La Fontaine. Dans nos deux vers, on nous parle de « comédie » et de « scène ». Cela dit, on peut se rende vite compte de la