C’est en 1974 que le célèbre réalisateur et producteur québécois Michel Brault réalise les ordres, soit l’un de ses plus grands chefs d’œuvres. Le film sort en salle seulement quelques années après l’enlèvement et le meurtre du ministre provincial du travail Pierre Laporte, par l’une des cellules du mouvement révolutionnaire nommé Front de libération du Québec. Le long métrage est un hybride entre le cinéma-direct et la fiction, il remporte d’ailleurs le prix de la meilleure mise en scène au Festival de Cannes de 1975. Cette reconstitution dramatique relate les évènements de la crise d’octobre tels que vécus par des citoyens du Québec, qui sous la Loi des mesures de guerre sont emprisonnés durant plusieurs jours, et ce sans motifs valables. Le film est en fait une reconstitution tournée à l’aide d’acteur de l’époque, telle qu’Hélène Loiselle, Jean Lapointe et Claude Gauthier pour ne nommer que ceux-ci. Par contre, plusieurs caractéristiques du cinéma-direct se retrouvent dans la mise en scène, ce qui est peu surprenant étant donné que Brault est un véritable pionnier de ce genre cinématographique. Certaines critiques cinématographique vont même jusqu’à le qualifier d’inventeur du cinéma-directe. Par exemple, dès le début du film on voit l’intention du réalisateur de céder la parole aux gens. Jean Lapointe est interviewé, il se présente, nous raconte de quel endroit il vient et nous parle de sa vie en général. D’ailleurs chaque fois qu’un nouvel acteur important apparait dans l’histoire, il est interviewé de la même manière, ce qui est très typique du cinéma-direct. Tout au long du film, nous entrons dans l’intimité des gens, les personnages sont filmés dans leurs milieux et l'on se mêle à eux, comme si l’on faisait partie du groupe. Par exemple, lorsque les policiers entrent dans l’appartement de Claude Gauthier, celui-ci est torse nu en train de changer la couche de son bébé sur la table de la cuisine. Cette scène nous met presque mal à l’aise, tellement