Dissertation
Les deux principaux écrits de Hume sur la religion sont L'histoire naturelle de la religion, publiée en 1757 dans Four Dissertations, et les Dialogues sur la religion naturelle, publiés après la mort de leur auteur, en 1779[1]. Si l'on s'en tient à la distinction qu'établit l'Introduction de L'histoire naturelle entre la question du fondement de la religion dans la raison et celle de son origine dans la nature humaine, il est tentant d'attribuer à chacun de ces deux textes un objet propre, déterminant un type de discours philosophique particulier. L'histoire naturelle, comme son titre l'indique, développerait un discours causal, principalement généalogique, sur les religions positives, toutes populaires en leur fond, tandis que les Dialogues auraient à charge de mener l'examen critique des prétentions philosophiques de la religion naturelle[2]. Cette distinction est inévitable. Si la religion en général commence avec la croyance en l'existence d'une puissance surnaturelle invisible – ou de plusieurs –, il faut cependant reconnaître qu'il y a bien deux principales sortes de religion. Dans la première, l'homme ignore les mécanismes du monde naturel, parce qu'il se rapporte à la nature dans un but immédiatement pratique, celui de satisfaire ses besoins vitaux. Dans la seconde au contraire, l'homme se rapporte à la nature dans un but principalement théorique, celui d'en connaître l'ordre, et d'en inférer l'existence d'un créateur ou d'un auteur intelligent. En somme il y aurait d'un côté la religion du peuple, ou de l'humanité encore inculte, et de l'autre la religion des savants, ou de l'humanité civilisée. Mais les choses ne sont pas si simples, ni à l'intérieur de la religion, ni dans son rapport avec la philosophie, ni par conséquent dans le rapport entre L'histoire naturelle et les Dialogues. Car d'une part, en montrant que le polythéisme, religion primitive de l'humanité inculte,