Comme le montre Diderot, le comédien, qui vivrait les émotions de son personnage en y mêlant les siennes, serait beaucoup trop inégal dans son jeu, car tantôt elles vibreraient en lui et tantôt il ne sentirait plus rien. Pour jouer, le comédien doit être dans un état d'esprit particulier. En effet, il doit s'oublier pour « se glisser dans la peau du personnage ».. Il doit devenir un autre, faire abstraction de lui-même. Les oeuvres qui seront référencées tout au long cette analyse seront Rhinocéros de Eugène de Ionesco écrit en 1959, Phèdre de Jean Racine écrit en 1677 et Les Bonnes de Jean Genet rédigé en 1947. On se demandera dans quelle mesure le comédien peut ou doit se mettre "dans la peau du personnage", c'est-à-dire l'incarner.
On étudiera dans un premier temps, le rapport du comédien avec son propre personnage puis dans un second temps, nous évoquerons le rapport du comédien avec ce qui l'entoure.

Le comédien arrive sur scène avec son histoire, ce qu'il a vécu, ce qu'il vit, mais il doit cependant s'approprier l'histoire et le vécu du personnage, ainsi que ses pensées, ses opinions, éventuellement sa religion, même si cela ne lui correspond pas.
Le fait d'avoir vécu une expérience ressemblante à celle du personnage interprété ou bien d'être de la même nature que ce personnage peut beaucoup aider l'acteur à jouer son rôle plus naturellement. Il n'est cependant pas toujours préférable de comparer son expérience personnelle à celle d'un personnage car il peut y avoir des confusions en interprétant ce rôle. Pour Diderot, la réponse est clairement négative. Dans Le Paradoxe sur le comédien, le philosophe explique qu'un comédien peut jouer "d'âme" ou "de réflexion". Le jeu d'âme consiste à ressentir exactement les émotions du personnage ; le jeu de réflexion consiste, au contraire, à imiter parfaitement le ressenti, il nécessite beaucoup d'observation de la nature humaine. Il conviendrait donc d'imiter parfaitement les émotions du personnage, sans les