Dom Juan Alias gros penis
Annoncée et jouée sous le titre Le Festin de pierre ou l'Athée foudroyé1, elle était, après les tragicomédies de Dorimond (1658) et Villiers (1659), toutes deux intitulées Le Festin de Pierre ou le Fils criminel, la troisième adaptation française de la légende de Don Juan Tenorio, débauché et impie châtié par le Ciel. À cette légende, le moine espagnol Tirso de Molina avait donné trente-cinq ans plus tôt une première forme dramatique dans El Burlador de Sevilla y combidado de piedra2 (L’Abuseur de Séville et l’Invité de pierre).
La pièce donne à suivre les deux dernières journées de la vie de Dom Juan Tenorio, libertin grand amateur de femmes, flanqué tout au long des cinq actes de son fidèle valet Sganarelle, couard, gourmand et amateur de disputes intellectuelles. Provocateur impénitent, Dom Juan n'échappera pas à la vengeance du Ciel, qui le châtiera par le bras d'une statue de pierre.
Pièce où se mêlent tous les registres, du pur comique au sérieux, voire au tragique, elle est accueillie avec enthousiasme par le public parisien, mais fait l'objet d’une violente attaque au lendemain de sa création et ne sera jamais reprise ni imprimée du vivant de son auteur. Délaissée jusqu’au milieu du xixe siècle au profit de la version en vers que la veuve et les compagnons de Molière avaient commandée à Thomas Corneille en 1676, elle fut peu représentée jusqu’à ce qu’en 1947 et 1953, Louis Jouvet puis Jean Vilar la fassent redécouvrir au grand public. Elle est aujourd’hui considérée, à l’égal du Tartuffe et du Misanthrope, comme l’un des chefs-d’œuvre de Molière et de la dramaturgie classique