Droit
Corrigé proposé par Laurence Hansen-Love
sujet: En quoi consiste ma dignité ?
Introduction
La dignité n’est ni un idéal, ni un objectif à atteindre, ni une réalité observable, ni une représentation - une représentation pourrait être tenue pour subjective, et à ce titre, relativisée.
La dignité est de l’ordre des principes : elle est un «principe». Autant dire que la dignité renvoie non pas à un donné, mais à un dû, c’est-à-dire à «quelque chose» qui n’est pas négociable, ou encore, en d’autres termes, à ce que les juristes nomment l’ «irréductible humain».
Mais si «la» dignité est un «principe» donc, en première approximation, une catégorie abstraite qui vaut pour tout être humain, qu’en est-il de «ma» dignité ? Quelle peut être l’incidence de ce principe, conçu semble-t-il comme une abstraction, sur le sentiment très spécifique que j’ai de ma propre valeur ?
Quel rapport un «principe» peut-il entretenir avec le sens et l’exigence d’un respect ou d’une considération qui me sont dus à moi - à moi en particulier - et qui semblent devoir inclure la prise en compte de ma personne considérée dans sa singularité ?
I La dignité est le sentiment d’appartenance à l’humanité
On distinguera d’emblée la définition traditionnelle de la dignité et la définition moderne, qui trouve ses sources dans le stoïcisme et le christianisme.
1) Sens ancien, sens actuel
Le mot «dignité» a conservé, dans certains usages, son sens ancien, dont témoigne toujours le premier sens du terme dans le dictionnaire : «fonction, titre ou charge qui donne à quelqu’un un rang éminent» (par exemple le rang de ministre ou de «première dame de France» ; on parle de «dignitaire de l’Eglise», ou de «haut dignitaire de l’ Etat»). Dans ce sens ancien, la dignité est fonction d’une hiérarchie sociale qui attribue des «rangs» ; ceux qui sont en haut de l’échelle ont une dignité spéciale, elle-même relative, supposera-t-on aux charges et