Dynamisme littéraire à maurice, leurre ou lueur ?
Conditions de l’écriture.
J’aimerais, si vous me le permettez, évoquer rapidement deux petites anecdotes. Je suis, comme vous le savez peut-être, depuis bientôt un mois en résidence d’écriture à Limoges au Festival des francophonies et souvent, quand je rencontre des français, il y a une question qui revient et qui est la suivante : dis-moi, est-ce que tu vis de ton art ? et là bien malheureusement je suis contraint de répondre non, de leur dire que je suis bien obligé de consacrer mon temps à cette chose franchement détestable nommée travail. A Maurice, par contre, quand on apprend que j’écris on me pose une question différente, on me demande ki travay to faire ? , ce qui signifie quel est ton métier ?.
Je crois qu’il faut éviter les caricatures : il n’y a pas un Français type ni un Mauricien type, on a à faire à des réalités complexes, mais ces anecdotes sont tout de même assez significatives; elles démontrent qu’en France l’activité littéraire est légitime, qu’il y a même un certain prestige à s’affirmer auteur alors qu’à Maurice le travail littéraire ne dispose de peu ou de pas de légitimité, on le considère superflu ou inutile. Il est important, à mon avis, de comprendre, que la société mauricienne est foncièrement utilitaire, le mauricien est un pragmatique dont le souci principal est la réussite sociale et économique. S’il en est ainsi, il me semble, c’est parce que pendant longtemps le pays a été très pauvre et que donc les mauriciens se sont surtout acharnés à survivre. Ainsi l’Indo-Mauricien préserve la mémoire de ses origines, c’est après tout un immigré qui a fui la pauvreté et qui a été pendant longtemps exploité et même dans le cas où il est épris d’éducation je crois qu’il lui est difficile de comprendre le travail de l’artiste, de l’écrivain, qui n’a rien d’utile, qui ne lui permet pas de gagner sa vie.
La vie de l’auteur mauricien est rendue d’autant plus compliquée que le