Déesse de la première vague
Autant vous le dire d’entrée de jeu, il y a des vers que je n’aime pas dans ces poèmes, des vers tel dedans le nom de ses rêves de ses puits de souvenirs de plomb mais ce n’est pas une raison puisqu’il y en a qui sont merveilleux : le soleil aura raison des miracles volés au jour
Autant vous le dire tout de suite, je n’aime pas la manière de mon ami Coutechève parce que je l’ai trop vite aimé, lui, le jeune homme audacieux et généreux, ce corps beau et cette envie de vie, cette bouche qui s’acharne à dire le non-sens de sa folie d’amour, passez-moi l’expression, pour cette terre d’Haïti ! J’ai rencontré l’homme avant sa poésie tout encore revêtue de l’aura des Rimbaud, des Philoctète, des Dépestre et compagnie.
Je tiens à vous dire, avant d’aller plus loin, que ce texte dérangera les patriotes blasés, les « manifestateurs » invétérés car on y proclame l’aversion de la foule, la bête humaine. Ici, on a affaire à une individualité complexe ; rien n’est sûr, rien n’est ni tout à fait blanc ni tout à fait noir. Tout est perplexité.
Faisons-nous grâce de la sémantique, de la syntaxique et d’autres trucs d’analyse littéraire d’élèves formés à l’école d’un Claude Vixamar. Boudons un peu la critique classique, passons aux sens.
Déesse de la première vague du jour foisonne comme une forêt, comme un cœur de petit garçon qui découvre la nudité de sa mère, la béance par où elle suinte. Naïveté envolée, le poète se ressaisit et scrute nos plaies, fissures, brisures, blessures, échancrures. En quête de nos douleurs originelles, il découvre notre solitude, notre ample solitude, notre absence au cœur brillant du Bon Dieu Bon.
Dans Déesse de la première vague du jour, l’amour se conjugue au passé composé et pour sonner le glas de l’espoir, le poète attend une peste blanche des promesses tout en appelant au miracle pour l’exorcisme du malheur fluide, pour l’avènement du jour où nos pieds nous diront de quelle mer